Aesyl ouvrit brusquement les yeux. Comme toujours il n’avait pas dormi, il était simplement resté inerte, dans son lit, les yeux clos, à attendre que le temps ne passe. Il avait perdu le fil pendant un instant, laissant son esprit divaguer sans but réel. Et puis le néant de sa nouvelle existence était apparu et il avait pris peur ; la réalité, s’il l’avait acceptée, il prenait pourtant soin de ne jamais totalement y songer. Ici, il se donnait une nouvelle existence, bien loin de celle un peu anarchique qu’il avait vécu dans sa vie passée. Il se donnait une sorte de seconde chance pour mieux agir. Être plus altruiste, dévoué à la communauté. Souvent, ce n’était pas simple ; il avait peur de tout et plus particulièrement de lui. Mais à cela s’ajoutait également un autre problème ; les gens avaient peur de lui. Si à Chicago, il avait pris l’habitude d’esquiver les regards curieux ou parfois agacés des habitants, ici, c’était plus complexe. Les gens étaient censés être mort, et pourtant ils continuaient de le juger avec ferveur.
Il se redressa, passant ses mains sur son visage tatoué puis quitta sa chambre d’un pas lourd. Comme toujours, tout était calme chez lui ; il manquait un chien ou deux et quelques personnes pour animer les lieux. Mais tant pis, tôt ou tard il parviendrait probablement à s’y habituer. Pour l’heure, il devait se préparer pour ses consultations. Ce matin, il n’en avait qu’une seule, une première avec une nouvelle patiente, dont le nom lui semblait étrangement familier. Il n’avait pas cherché à se renseigner à son sujet ; sa première impression serait la bonne, il en était certain.
Après une douche froide rapide et un passage par sa chambre pour attraper quelques dossier qu’il fourra dans un sac à dos, Aesyl, habillé modestement, quitta la grande demeure pour se rendre aux Résidences du Quartier Central. Il décida de flâner un peu, marchant lentement puisqu’il était en avance, pour observer le monde et sa lente évolution.
Finalement il arriva avec ce qu’il estima être un tout petit peu d’avance à la résidence. Il chercha pendant un instant le numéro 24 -puisque c’était là que résidait sa patiente- et sonna. Finalement, lorsqu’il constata que la porte commençait à s’ouvrir il prit la parole ; « Madame Dunphy ? Je suis Monsieur Magas, praticien d’aide, nous avions rendez-vous ce matin. » Il tenta de sourire faiblement, pour montrer une once de bienveillance.